« Celui qui se noie ne sera pas pendu » (Proverbe russe, ça te met dans l’ambiance, non ?)
Mon Frantsouz, laisse-moi te parler de deux événements importants qui ont eu lieu fin mai et début juin, la visite de Blondin à Versailles et le forum économique de Saint Pétersbourg.
Blondin est venu à Versailles à l’invitation de ton nouveau Roi jupitérien pour y célébrer les 300 ans de la relation diplomatique entre la France et la Russie. Blondin n’a cependant pas négligé une petite leçon d’histoire en rappelant que bien avant, Anne de Kiev avait donné naissance aux Bourbons et aux Valois, histoire de souligner les liens entre les deux nations. Visite cependant sans chaleur, les deux campant sur leurs positions. Après, ce qui a été plus amusant, c’est ta presse, forcément dithyrambique sur le nouveau Roi qui aurait mouché Blondin. J’y ai trouvé quelques accents de ma regrettée Pravda… Ta presse oublie juste qui est Blondin.
C’est un monstre froid, habitué à la survie(en milieu hostile surtout) et au combat de par son passage dans ma noble maison, le KGB, tout cela est dans son ADN, ce n’est pas un énarque ou un inspecteur des finances,c’est sûrement parfois un banquier, mais il n’est quand même pas du même ADN que votre nouveau Roi, qui est pas mal fort (à mon avis, vous allez connaître un peu la verticale du pouvoir, ça va vous faire du bien,parce que lui, contrairement à Mhollande, il sait décider, il sait trancher). Il a su se frayer un chemin au travers d’une violence politique hors norme, celle des premières années Eltsine. Il ne me semble pas que ton Roi ait vécu un effondrement d’empire ? Blondin est lucide, il sait qu’il n’a pas un super jeu entre les mains (économie en berne, comme toi, importance des matières premières, démographie en baisse, situation sanitaire problématique… tous les syndromes de la puissance pauvre) mais avec cette mauvaise main, il joue brillamment, avec audace. Face à lui, l’Occident a un très bon jeu mais reste passif, et perd. Blondin, avec son petit jeu, vous oppose un défi auquel l’Occident n’a pas de réponse. Regarde la Crimée, le Donbass, la Syrie… Il a su conserver de l’URSS « l’esprit de la guerre », l’enseignement de la guerre, les doctrines et l’industrie de défense. La doctrine permet d’inoculer une discipline intellectuelle de la résilience et de l’anticipation parce qu’elle est mise à jour tous les ans, chez vous les Frantsouzy, tous les 5 ans, au mieux...
Sur le forum économique de Saint Pétersbourg que te dire, si ce n’est qu’à nouveau votre Nain malfaisant y était, probablement pour y faire des affaires. Dommage qu’il n’ait pas géré le pays comme son portefeuille car à l’heure qu’il est, ce serait les délices de Capoue pour tous les Frantsouzy.
Côté culture, je suis allé voir une exposition photo, un Britannique, Tom Wood sur l’Angleterre des années 80. C’est amusant parce que dans votre imaginaire dégénéré, la grisaille, c’est l’URSS ou la Russied’aujourd’hui, ben si tu regardes les photos de Tom Wood, même en couleur, c’est gris et déprimant. Ah,l’Angleterre thatchérienne, c’est paraît-il le pied, le nec le plus ultra comme l’Allemagne merkelienne et ses boulots à 400 euros (tu as remarqué comme dans sa politique étrangère l’Allemagne poursuit les mêmes buts de guerre que le 3 ème Reich : la Russie fournisseur de matière première, du gaz et ce n’est pas une blague, les pays de l’Est, Ukraine compris, fournisseurs de bras esclavagisés). Cela devrait logiquement t’arriver, tu seras uberisé à l’allemande et tu auras tout juste de quoi te payer ton entertainment décérébrant. En Russie aussi, il y a des jobs à 300-400 euros, une protection sociale qui a la taille d’un string… Parfois, quand je vois mon pays aujourd’hui, je me dis « tiens, voici la France dans 5 à 10 ans… ».
C’est le grand Capital qui veut ça… Ne songe pas à la révolution, même ça ils te l’ont piqué puisque c’était le titre du livre de ton Roi. Ils sont forts ces banquiers, ils se parent des habits de la révolution. Ils osent et il n’ya personne pour leur faire une petite explication de texte. Une révolution, y a du sang sur les murs, rappelle-toi 1789 et 1793 (c’est mon cru préféré) et rappelle-toi 1917, en fait les deux seules révolutions, matinées de guerre civile, le reste, printemps arabes, Maïdan ukrainien ou révolutions de couleur, c’est du pipi de chat, à peine des coups d’état. Comme disait le camarade Mao, « La révolution n'est pas un dîner de gala ; elle ne se fait pas comme une œuvre littéraire, un dessin ou une broderie ; elle ne peut s'accomplir avec autant d'élégance, de tranquillité et de délicatesse, ou avec autant de douceur, d'amabilité, de courtoisie, de retenue et de générosité d'âme. La révolution, c'est un soulèvement, un acte de violence par lequel une classe en renverse une autre ».
Revenons à la culture et cette fois, je vais tenter de ne pas digresser. Je suis allé dernièrement voir l’exposition Zainaïda Serebriakova à la galerie Tretyakov. Cette peintre est très liée à la France. Elle est d’origine française, Lanceray, a quitté la Russie peu après la révolution et est morte en France. Les Lanceray, alliés à la famille Benois (une famille de musiciens et d’architectes établis en Russie), étaient en Russie depuis longtemps. C’était l’époque où le français était à la mode, ‘était un signe de distinction sociale.
Epoque révolue, l’angliche régnant en maître. Moi, j’parle pas la langue de l’ennemi !! Elle a été l’élève du célèbre Ilya Repine. Elle a peint beaucoup de portraits, des nus (mmh... ces femmes au bania…), la vie paysanne, le domaine familial… Une Russie à jamais enfuie et comme le dit le poète, « Maudite à jamais sois l’année 1914 »…
Toujours culture, enfin l’exposition d’été du musée Pouchkine, consacrée à Titien, Tintoret et Véronèse. J’en salive déjà, l’Italie vient à moi, elle vient d’ailleurs doublement à moi puisque nos amis italiens ont ouvert un magasin Eataly à Moscou. 7500 m 2 de culture et de bouffe italienne. Mais, me direz-vous comment font-ils puisqu’il y a les contre sanctions russes sur l’agroalimentaire ?? Etonnant, j’y suis allé et me suis tapé une planche charcuteries-fromages avec un vin du Veneto. Le fromage est paraît-il suisse… La Suisse, c’est pas loin de l’Italie, tu me suis ? Et puis, faut pas oublier que les Italiens produisent en local leur jambon, leur burrata… et puis surtout, il y a l’inventivité, la créativité et la souplesse italienne… Uno Abbraccio di Mosca !!
https://www.eataly.com/us_en/magazine/eataly-stories/moscow- russia- opens/https://www.eataly.com/us_en/magazine/eataly-stories/moscow-