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L'archipel Contre-Attaque

  • : L'archipel contre-attaque !
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29 octobre 2015 4 29 /10 /octobre /2015 11:57
Perpignan dans le TOP 10 des villes où il fait bon travailler ! Si y'en avait du boulot! par Nicolas Caudeville

Les sondages ne sont plus un instrument de la prise en compte du réel, mais de la manipulation de masse. Avant lorsqu'on faisait un songe, on exposait les conditions dans lesquelles celui-ci a été réalisé. Avant, on précisait encore le nombre de personnes interrogées sur un échantillon dit "représentatif" . Quels sont les critères et les paramètres pour le choix d'un échantillon représentatif?

Comme le disait Michel Audiard dans "le président" par la bouche de Jean Gabin: "Le langage des chiffres a ceci de commun avec le langage des fleurs, on lui fait dire ce que l'on veut. Les chiffres parlent, mais ne crient jamais!"

Ainsi, sur le blog du maire de Perpignan Jean-Marc Pujol, on peut lire "Perpignan dans le TOP 10 des villes où il fait bon travailler !"

D'après l’Institut Great place to work, qui,nous écrit Jean-Marc Pujol "établit chaque année le palmarès des entreprises où il fait bon travailler, a réalisé une étude sur l’attractivité des principales villes françaises, en matière de bien-être au travail."

Revenons à l'histoire de la production de chiffres et de comment ils ont été produit: d'où provient cette étude et comment a-t-elle été construite?

Et voilà que Perpignan se retrouve à la 7 place ! Formidable, formidable ...à ce détail prêt qu'il n'y pas ou peu de travail. Les conditions de travail, le paysage, le climat ne sont pas en mains des élus perpignanais, c'est pourquoi, elles sont préservées. Confiez leur le Canigou, ils en feront un parking ou une zone de chalandise!

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26 octobre 2015 1 26 /10 /octobre /2015 13:01
HISTOIRE DE MA RÉSURRECTION par l'écrivain Henri Lhéritier

Je m’étais réveillé avec, à côté de moi, dans mon lit, une femme qui n’était pas la mienne et qui dormait.
J’ouvris à nouveau un œil quelques instants plus tard lorsque les Ottomans s’étaient emparé de Constantinople. Elle dormait toujours.
Même dans la pénombre, j’en étais sûr maintenant, je ne la reconnaissais pas. Lui jetant des regards étouffés, des regards de couette, je me repliai, de crainte de l’effleurer, au bord extrême de mon lit, du côté de mes pantoufles, côté gauche où je tentai de réfléchir pendant que Soliman n’en finissait pas de régner avec magnificence. À la radio le matin, ils diffusent d’incroyables conférences destinées à réveiller les dormeurs ou à endormir les auditeurs, on ne sait pas ! Depuis une semaine on avait droit à un panorama complet de l’empire ottoman, le sort des Turcs, à l’heure présente, m’importait moins que la présence de cette forme allongée si proche, une belle femme, le drap remonté jusqu’au menton, au visage reposé, mi-souriant. J’avais déjà connu quelques matins nauséeux où je ne reconnaissais rien, pas même mes pantoufles auxquelles j’étais pourtant habitué, style babouches, aujourd’hui je me sentais dans un jour ordinaire, cette présence à mes côtés était un phénomène qui ne dépendait pas de mon état mental, ni imaginaire, ni posthume puisque me touchant, je constatai que je vivais.
Je soulevai le drap et le rabaissai aussitôt : nue, elle était nue. Extrêmement. La clarté d’un corps l’emporte toujours sur l’obscurité de la nuit.
Pendant ce temps, trente mille turcs venaient d’aller au tapis, le conférencier s’en étouffait de bonheur, à Lépante, une ligue de catholiques bon teint, rangés sous un oriflamme papal avait envoyé par le fond, pour le principe, des pauvres types attachés à leur galère à qui on avait sans doute promis une croisière en Méditerranée, sans danger, ni tempête. Depuis six siècles qu’on leur tape dessus, les Turcs n’ont encore rien compris, ils persistent à vouloir entrer dans une Europe où personne ne les veut, sauf moi, me disais-je à chaque fois que cette histoire d’adhésion de la Turquie revenait sur le tapis. Mais je comptais si peu et pour tout dire, je m’en foutais, surtout à l’heure présente où la question turque n’était pas mon problème le plus crucial. Puisque je ne reconnaissais pas ma compagne de lit, un doute me vint avec soudaineté, peut-être moi-même, n’étais-je pas moi ? J’étais un autre, il n’était pas impossible qu’elle soit elle, et que moi je ne sois pas moi, en d’autres termes l’inconnu dans ce lit n’était pas elle, c’était moi. J’étais chez elle et pas chez moi.

A SUIVRE (PEUT-ÊTRE)

Le tout meilleur d'Henri Lhéritier:

http://l.archipel.contre-attaque.over-blog.fr/tag/henri%20lheritier/

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8 octobre 2015 4 08 /10 /octobre /2015 18:36
Conférence:Journalisme/franc-maçonnerie sont-ils deux mondes parallèles? samedi 17 octobre au temple Ramon Llull à Perpignan

Trois journalistes (Julien Marion L'indépendant, Fabrice Thomas Créme Catalane, C PO litque, Nicolas Caudeville L'archipel contre attaque) exprimeront leur vision de l’avenir de la presse écrite et du rôle des différents médias, le samedi 17 octobre à 18h15, temple Ramon Llull, 454 Rue Pierre Pascal Fauvelle à Perpignan. Réservation obligatoire auprès d’Yves Chicheportiche mailto: yveschicheportiche@orange.fr prix conférence seule 5 €, avec le dîner-débat qui suit 14 €.
L’actualité immédiate échappe de plus en plus à la presse écrite, du fait de la rapidité d’information apportée par Internet, la radio et la télévision. Perdant son levier dans l’instantané, la presse écrite ne s’est-elle pas ainsi débarrassée du risque de myopie, pour inscrire sa marque dans une réflexion approfondie ? La Franc-Maçonnerie amène les Maîtres

Maçons à proposer leurs réflexions sous forme de travaux appelés au Rite Français « Morceaux d’Architecture ». Le rituel a provoqué de l’émotion ouvrant sur l’intellection.

Le journaliste peut-il aussi vivre des moments d’émotion ou se veut-il rédacteur à la technique neutre et impartiale, maitrisant l’ensemble du sujet ? N’est-il pas celui qui sait écouter chaque parti, chaque acteur, et apporter une image contrastée d’une vérité qu’il appartient à chacun de regarder avec sa propre sensibilité ?



Cette conférence est ouverte aux profanes et au grand public



La Loge maçonnique mixte Le Laurier et l’Olivier se réunit au temple Ramon Llull à Perpignan. Elle travaille selon le Rite Français qui correspond à l’image de la Maçonnerie française au siècle des lumières, dont la synthèse intervint en 1785.

La Loge adhère à l’Alliance des Loges Symboliques (A.L.S.) qui est elle-même membre de la Maçonnerie Universelle de Loges de Tradition (MULT), dont l’objet est de proposer sur le plan international une Maçonnerie qui respecte l’ouverture et l’indépendance qui fit rayonner l’Art Royal au 18e siècle, avant qu’en France l’Empire n’en fit sa chose, en exigeant qu’elle se soumette à l’autorité obédientielle, chargée d’en faire une structure « politiquement correcte ». Pli que les obédiences historiques ont malheureusement conservé dans leurs gènes, et qui sévit au travers de bon nombre de leurs dirigeants !

En proposant des conférences ouvertes à tous et à toutes, en précisant comment la Franc-Maçonnerie entend apporter aux questions de chaque époque une réflexion qui évite les conflits, ouvre les esprits à des dimensions que beaucoup auraient pu ignorer ou trop vite balayer, offre une large place à la lumière apportée par toutes les civilisations à travers leur rayonnement puis leur décadence et leur chute, la Loge Le Laurier et l’Olivier n’impose aucune thèse ni synthèse mais répond à son devoir de proposer à ceux qui cheminent, des éléments supplémentaires pour jalonner la voie et les bifurcations qu’ils se choisissent.

La Maçonnerie régulière n’a en effet pas pour objet de régenter la vie de ses membres, ni de les couper du reste d’une humanité jugée profane et bancale, mais au contraire de permettre à chacun d’apprécier la richesse de l’autre, en acceptant de s’oublier un peu ! L’humilité est considérée « comme le vrai chemin de la perfection maçonne ».

La presse écrite s’inscrit dans la présentation par le journaliste

d’un Morceau de son Architecture.

Voir aussi:

Vidéo de la Conférence:« Quand la Franc- Maçonnerie connait des inversions du champ magnétique » Présentation par Hervé Vigier et animation par Nicolas Caudeville

http://l.archipel.contre-attaque.over-blog.fr/2014/12/video-de-la-conference-quand-la-franc-maconnerie-connait-des-inversions-du-champ-magnetique-presentation-par-herve-vigier-et-ani.htm

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7 octobre 2015 3 07 /10 /octobre /2015 15:12
OBSCURE CLARTÉ par l'écrivain Henri Lhéritier

Il pleuvait dru. Des gouttes virulentes tapaient contre les vitres de la porte-fenêtre.
À travers la buée nous regardions les géraniums en pot et la gamelle du chien flotter sur la nappe d’eau qui noyait la terrasse. Elle commençait à ressembler à une mangrove.
Ecoutez, me dit-il :
« Ce lieu me plaît, dominé de flambeaux,
Composé d'or, de pierre et d'arbres sombres,
Où tant de marbre est tremblant sur tant d'ombres;
La mer fidèle y dort sur mes tombeaux! »
Il ne décrivait pas sa terrasse, il faisait référence à un cimetière, à Sète, au sommet du Mont St. Clair, d’où vivants et morts aperçoivent comme un « toit tranquille », la mer qui « palpite entre les pins, entre les tombes ».
C’est une chose que j’admire ce « Cimetière marin », me dit-il, j’ai toujours été tenté d’apprendre par cœur les vingt quatre strophes de ce poème, mais qui écouterait aujourd’hui cent quarante quatre vers de Paul Valery, surtout lus par moi. D’ailleurs, Paul Valery ne revendiquait-il pas de pouvoir écrire « l’obscur », et dans nombre de ses textes il ne s’en est pas privé. Hé bien !, voyez-vous, je crois que l’espace naturel de l’écrivain est l’ellipse, le difficile, le voilé et même le tu, mais jamais l’obscur.
Un texte est un iceberg, la partie supérieure est parfaitement visible, l’inférieure immense et insondable. Dessus, une glace crevassée et bleue sculptée par le vent et l’océan est le domaine de l’écrivain, dessous c’est celui du lecteur. Faire de l’obscur un attribut de la littérature est un jeu, un rébus, une sorte de sudoku, ce n’est pas écrire, car écrire ne consiste pas à dire l’obscur ou la clarté, mais seulement à diffuser une lumière à laquelle est naturellement attachée son ombre. L’écrit fait exister le non écrit.
Vous ne faites pas un peu d’obscur, là ? lui dis-je.
Non, d’ailleurs tout ce que l’on peut énoncer au sujet de la littérature, tout attribut que l’on veut lui coller, policière, d’aventure, érotique, sentimentale ou je ne sais quoi me paraît être comme une étiquette sur un aliment désossé ou pré mâché, présenté sous cellophane. La littérature n’est rien de cela et tout cela à la fois. Lire ce n’est pas contempler un glaçon dans un verre, c’est se confronter à un iceberg. Il me jetait des définitions à la figure, qu’il me restait à digérer.
Pendant ce temps, la gamelle du chien était en train d’obstruer l’évacuation de la piscine et l’eau commençait à devenir menaçante.

Le tout meilleur d'Henri Lhéritier!

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5 octobre 2015 1 05 /10 /octobre /2015 12:03
Chronique moscovite (épisode 19) : Octobre sera rouge!‏ par Félix Edmundovitch Dzerjinski


« Je tiens à rappeler à tous ceux, qui complotent quelque chose contre notre pays, que la Russie a de dignes fils, prêts à exécuter n'importe quel ordre, à tordre le cou à tout ennemi dans son antre, où qu'il soit. Et nous pensons que ce serait un honneur pour nous de purifier le monde de telles ordures ». (Ramzan Kadyrov à propos de Daech et du reste…) J’adore son style néo-platonicien, genre la philosophie est un sport de combat, pas toi ? Ah, il est motivé le petit, il veut en découdre, contre Daech, les US et tutti quanti… Bon je te donne cette citation pour te faire une idée du bonhomme et de l’ambiance.

Allez, je ne résiste pas au plaisir, tu vas voir que Ramzan Akhmadovitch est un visionnaire : « les terroristes de Syrie, se nommant "Etat islamique", ne disent que ce que leur ordonnent leurs maîtres des agences de renseignement de l'Occident ». Hum… (ça, c’est ma citation préférée de la bd « Philémon » de Fred)

« L’administration est une vieille fille, elle aime pas qu’on la prenne en levrette ». C’est pas Ramzan qui dit ça, il est pourtant porté biquettes, c’est André Dussolier dans « 36, quai des Orfèvres ». je te passe cette citation, comme ça, gratuitement, parce qu’elle me fait bien rire vu que ton pays est très… administré.

Le 5 septembre, c’était la fête de la belle entre les belles, j’ai nommé Moscou. Bon, un peu festivus-festivus comme événement avec des trucs pour les gamins, des vieux rockers occidentaux sur le retour, Aerosmith, bref, de quoi amuser le populo. Moi, j’ai fêté ma ville en m’y perdant, en y vaguant et en y voguant entre les badauds qui se pressaient pour participer à l’événement. Contrairement à Saint Pétersbourg, ville sortie du néant sur la volonté d’un homme, à Moscou, tu n’as pas d’unité architecturale. Tu as une superpositions de styles, gothique Narychkine, classicisme et néo-classicisme, Art nouveau, époque stalinienne, époque khroutchevienne, brejnévienne et consorts. C’est une ville du mouvement et en mouvement perpétuel, du vertige et je l’aime. C’est une ville qui bouillonne culturellement, pas un jour sans pièces de théâtre ou opéras, des expositions à foison pour satisfaire un appétit culturel digne de votre Pantagruel.

Météo capricieuse en ce mois de septembre, pluie, pluie, pluie. Je me serais cru dans le roman de Maurice Pons, « Les saisons ». Et puis, le froid, déjà, alors que dans d’autres contrées, les gens savourent l’été indien. Je suis convaincu que le climat, au même titre que la géographie, façonne la mentalité d’un peuple. Heureusement, pour compenser cette méchante grisaille, il y les Italiens. Eux, je les aime, relis pour me faire plaisir « Le voyage du condottiere » d’André Suarès. J’ai été invité à admirer, à la résidence de l’Ambassadeur d’Italie, un Caravage, « Le garçon mordu par un lézard », qui doit être exposé au musée Pouchkine dans le cadre d’une exposition sur Caravage et ses suivants, qui fait une large place aux collections permanentes du musée, le Caravage étant le seul tableau venant de l’étranger. Un régal. Une fois passée la bruyante et démocratique presse, j’ai pu goûter en quasi solitaire à ce tableau, un verre de Sangiovese à la main. Mais quel est le sens de ce tableau ? Il m’a été donné par un carabinier qui gardait le tableau. Le doigt mordu serait un pénis et il s’agirait en fait, non pas d’une morsure, mais d’une sorte de fellation. Et vois ce visage, cette fleur dans les cheveux, cette épaule si féminine, la bouche sensuelle, l’incarnat délicat des lèvres, cette angoisse que procure la volupté… Caravage aurait vécu en Russie, il lui serait arrivé des bricoles…

http://www.giotto-caravage.com/sites/default/files/styles/oeuvre_zoom/public/oeuvres_visuels/jeune_garcon_mordu_par_un_lezard_retouche_affiche_-_caravage_-_fondation_longhi.jpg?itok=UexXNCZn


C’est drôle, sur la Syrie, vous vous émouvez de la présence de conseillers et d’instructeurs militaires russes et de livraisons d’armes. Bon, je te l’accorde, nous savons ce que recoupe ces appellations, nous aussi les Russiens, nous avons le sens de la litote. Mais mon gars, te plains pas si d’autres vont se salir les mains, te plains pas si c’est d’autres petits gars qui vont se faire trouer la paillasse. C’est drôle, le Russien comme défenseur des valeurs européennes, occidentales, démocratique et tout le frichti, non ? Bon, si le Russien y va c’est surtout pour mater ses Caucasiens, environ 2 000, au sein de l’Etat islamique, ben ouais faut prendre le problème à la racine et éviter leur retour. Encore plus drôle, les Saoudiens et autres bouffres (relis Ubu) qatari se plaignent, d’ailleurs comme les Caincains qui ne comprennent rien à l’Orient compliqué, de l’activisme russe en Syrie arguant que le Russien ne fera qu’une bouchée de l’armée syrienne libre, vos copains. Bon, ils oublient juste que Daech, est un peu leur créature… Et puis ces deux pays, pas de doutes, des champions des valeurs démocratiques… Bon, comme le Russien est honnête, il a avoué, par la voie du MID (le Ministère des Affaires étrangères) la présence de conseillers militaires (tiens, ça te rappelle pas les conseillers militaires américains au Viêt-Nam ?)et les livraisons d’armes et de matériels militaires… Cette implication nous a coûté le bombardement de notre ambassade. Marrant, les Saoudiens, qui se plaignent des frappes aériennes russes, à ta place, je me méfierais de ces faux amis comme on dit quand on commence à étudier une langue étrangère… Bon, le Russien, il est fair play, il explique qu’il poursuit en Syrie ses buts de guerre à lui, tu comprends… Tu peux comprendre, je l’espère, qu’un Etat ait ses propres buts ? Eh Frantsouz, faut atterrir, voir le monde en face, faut descendre de ton piédestal… Ah c’est vrai, j’oubliais, je suis un fasciste, un national-bolchevik comme ce décadent de Limonov, les Saoudiens ou les Qatari sont plus fréquentables, eux qui matent la révolte houtiste au Yémen mais personne n’en parle… C’est vrai, je ne suis pas Charlie, sans vouloir t’offenser, nous n’avons pas la même culture, nous ne venons pas du même monde. Moi, je suis tchékiste et je te laisse être Charlie, j’ai pas le bon ADN… bon, d’accord, t’as quelques petits gars de chez nous, un peu comme les tiens, c’est-à-dire, ils ne veulent pas y aller, ils n’ont pas envie de mourir en Syrie, http://www.gazeta.ru/politics/2015/09/16_a_7760297.shtml, mais bon, pour Blondin, qui incarne le primat du collectif et de l’Etat, « me ne frego », ce seront un peu des copeaux de l’histoire. Et des copeaux de l’histoire, tu le sais comme moi, la Russie n’en a jamais été avare. Mais peut-être à la décharge de ces soldats, qui sont des kontrakniki, qu’ils n’ont envie de mourir que pour leur patrie, la Sainte Russie, et non pas pour un lointain pays arabe… Eh, ça va pas la tête, mourir pour des Arabes !!! Pour du pétrole, à la limite, je dis pas, look at the Caincains… Faudrait que les Arabes meurent pour des Arabes, ou à la limite des Turcs, histoire de rappeler aux Arabes qui dominaient, avant… Moi, j’aime bien le grand Turc, il est un peu comme le Russien, fortement imprégné de la notion d’empire… Bref, toute cette histoire de Syrie, c’est un truc d’Arabes, qui doit se régler entre Arabes. Je vois pas bien ce que le Caincain ou le Frantsouz viennent faire là et 69% des Russes pensent à peu près comme moi, ils disent qu’ils faut pas y aller et ne pas accueillir de réfugiés (ça, c’est le légendaire sens de l’hospitalité du Russien, dont je t’ai parlé dans ma précédente chronique)… En tout cas, Blondin, sur la Syrie, a été plutôt bon, genre, je mène la danse et vous, vous êtes dans les choux, vous me suivez ? N’oublie jamais que le Russien est un joueur d’échecs. Même Angela dit aujourd’hui qu’il faudrait peut-être discuter avec le gentil Bachar. Et t’as vu comment ton Grollande a accueilli Blondin, pleins de sourire. Il est fort Blondin, il a été à bonne école, celle de la Tchéka, du KGB, des manipulateurs…


Ah et sur la Syrie, je ne résiste pas à Ramzan, http://www.kommersant.ru/doc/2823941, qui dit en substance que les terroristes ne savent pas pour l’instant ce qu’est la véritable guerre. Tout en finesse et pleins de promesses le Ramzan ! Et évidemment, il a fait la demande à Blondin d’envoyer des détachements tchétchènes en Syrie. Moi, perso, si j’étais le patron de Daech, Abou Bakr Al Bagdadi, je prendrais le premier bateau et je demanderais l’asile politique à l’Allemagne où je deviendrais un paisible maçon… Je rigole, je rigole mais je me demande, ne serait-ce pas le début d’une 3ème guerre mondiale en Syrie ? T’en penses quoi, toi ? Ben rien, je comprends, l’immobilier, les prêts, l’école des enfants, les courses du dimanche, où trouver la meilleure saucisse pour bien réussir la grillade…

Ah, et puis à toi qui traite Blondin et sa clique, voire même le Russien de fasciste, j’espère qu’il ne t’aura pas échappé que Blondin a inauguré le 23 septembre la grande mosquée de Moscou, la plus grande d’Europe, en présence de Mahmoud Abbas et de l’Ottoman (fourbe) Erdogan. Pas mal, hein ? Mets ça en creux avec l’implication russienne en Syrie, ajoute à cela que ce n’est ni plus, ni moins la reconnaissance d’une Russie multinationale et multiconfessionnelle, et cerise sur le gâteau, que dit blondin ? et bien que « l’orthodoxie russe était plus projet de l’islam que du catholicisme », là c’est cadeau pour Ramzan. Là, normalement, tu admires, parce que Blondin, il est trop fort, parce que par chez vous, il me semble que vous avez des problèmes avec les ouvertures de mosquée, non ? Eh, Frantsouz, tu ne sens pas un peu seul, tu n’as pas l’impression d’avoir raté des épisodes. Je vais te dire, j’ai l’impression que toi et tes dirigeants, vous n’êtes pas taillés pour le monde d’aujourd’hui, c’est une peu comme si c’était la France de 1975… Un vieux pays croulant. Heureusement, tu as Macron et ses bus qui devraient te sauver. Moi, il me plaît bien ce jeunot. Il a son utilité avec ses petites provocations destinées à voir jusqu’où peut aller le curseur libéral dans un pays soviétique. Franchement, un ticket DSK-Macron, ça aurait de la gueule, de quoi faire bander la France et sans viagra !


Tu as vu, tout se tasse dans le Donbass et crois-moi ce n’est pas ce détail, car le temps médiatique passe vite, qui empêche de faire des affaires. Tu as vu, quelques compagnies européennes, dont une française, ont signé un accord pour le gazoduc Nord Stream 2. Tranquille… Pour le Russien, le statu quo dans le Donbass, c’est l’idéal, la femme fontaine, le pied quoi… Ben ouais, chez nous, ça s’appelle un conflit gelé. Tu le mets au congélateur et tu le ressorts quand tu veux, tu le réchauffes, tu le mitonnes, comme l’Abkhazie et l’Ossétie du Sud en 2008, quand tu le juges opportun pour des raisons de politiques intérieures, parce que la guerre, ça distrait toujours le populo, ou de politique internationale, tu montres tes muscles et tu fais peur. T’as compris, ben faut croire que non… Et tu as vu, le patron du Comité d’enquête qui affirme que le Premier ministre ukrainien était chez les séparatistes tchétchènes dans le début des années 1990. C’est super drôle, surtout quand tu vois comment est taillé le bonhomme, moi à part faire giron, je vois pas ce qu’il aurait pu faire parmi ces rudes montagnards… http://www.8rpima.fr/modules/news/article.php?storyid=61. Tu vois, tu passes à autre chose, l’Ukraine ne fait plus la une, tu zappes sur les migrants/réfugiés et après, ce sera quoi ? Ah oui, tu sa des élections à venir…, t’avais presque oublié.

Mais cessons de parler politique et parlons lieux. Le dernier dans lequel je me suis rendu se nomme le Mendeleiev, connu pour son tableau et qui a donné son nom à un bar qu’il faut savoir déniché puisqu’il est logé dans les sous-sols d’un noodle bar un poil crasseux, http://www.mendeleevbar.ru/. Des cocktails en veux-tu en voilà, Dark Haze, Zombie… Tout un programme, digne du PCUS !! Sauf que là, tu es là pour t’enivrer, oublier, te décharger de ton fardeau d’homme blanc fatigué, le temps d’une soirée. Le lieu est fréquenté par la jeunesse dorée moscovite, quelques expatriés étonnés, tout ce beau monde ne cherchant que l’ivresse et la rencontre, l’aventure, la chair forcément triste et parfois avariée…




http://s.inyourpocket.com/gallery/57384.jpghttp://www.themoscowtimes.com/upload/iblock/b25/5054-16-bars.jpghttp://www.modalitademode.com/blog/wp-content/uploads/2013/11/332190.png

MOSCOW BY NIGHT Secret underground bar: Mendeleev. image

Continuons sur les dernières tendances de la Moscou capitaliste, consumériste (surtout en humains) et post-moderne : la balade nocturne en cheval… Tu sors de ton lieu, vers les 3h00 du matin, et tout à coup, tu entends des bruits de sabots sur le bitume. Tu te dis que tu as abusé des cocktails, voire de substances prohibées ,mais pas pour tous, je te rassure, (à l’instar de la France, la Russie est une oligarchie, qui contrairement à ton pays ne se pare pas dans les oripeaux d’un égalitarisme et dans une justice/ascenseur social illusoires et inexistants, faut juste être du bon côté, celui des gagnants), et là, tu as la révélation, une belle jeune femme à cheval à 3h00 du matin. C’est bon, tu peux rentrer te coucher en te disant que tu vis décidément dans un pays pas comme les autres, un peu chez les fous, mais des fous bien sympathiques, pas les fous d’une quelconque divinité, non des fous, des esthètes décadents, qui attendent la chute finale. Et tu es là, parmi eux, tchékiste égaré, tu n’as plus tes repères et tu contemples, car c’est tout ce qui te reste à faire, la ruine, la putréfaction, le cadavre…

Plus que jamais je crois que ce continent va couler très vite. Il est minuit passé et il n’y aura jamais assez de chaloupes (ni de pédalos) pour tous. Et cette fois, je ne sais pas, petit Frantsouz, si tu pourras compter sur le Russien pour sauver tes miches…

Les autres chroniques moscovites ici:

http://l.archipel.contre-attaque.over-blog.fr/tag/chroniques%20moscovites/

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29 septembre 2015 2 29 /09 /septembre /2015 14:17
PISTEUR DE MOTS FLÉCHÉS par l'écrivain Henri Lhéritier

Proclamant que la presse « people » est une honte, il se précipite en général sur le « Paris-Match », souvent froissé, qui traîne sur la table basse d’une salle d’attente, en compagnie de quelques « Figaro Madame » (genre illisible dont on ne sait jamais si on tente, dans les pages intérieures, de vous vendre une culotte « Chantal Thomass » ou le programme politique poissard de Nadine Morano) et de la collection complète de « Valeurs actuelles » s’apitoyant sur le sort malheureux des Français de souche, blancs, catholiques, aisés, dont la civilisation se meurt à cause des Arabes.
Il n’est pas encore tombé aussi bas, et d’ailleurs, changerait-on de civilisation comme de chaussettes, il s’en contreficherait.
Se saisissant du numéro disponible de « Paris-Match » et prenant à chaque fois, à témoin les patients qui attendent, il lâche à haute voix: « Ah, ces professionnels de la santé, dire qu’on leur confie la nôtre et qu’ils sont capables de lire des machins aussi immondes ».
Il y a les photos tout de même, des photos de vacances heureuses et ensoleillées, dans des pays dont les civilisations sont encore vivantes, et accueillantes aux nantis : princes déchus de familles royales dégénérées, jet setters cocaïnés à mort, hébergés par un industriel de la biscotte ou du préservatif, sur quelque yacht immatriculé dans une île à palmiers bourrée de requins, de rhum blanc et d’avocats fiscalistes, chanteuses nues, hommes politiques, en short et lunettes « Thom Browne » préparant leur rentrée devant des cocktails glacés et des serveuses noires en minijupe.
Mais ce qu’il aime surtout, c’est le mot fléché, dépucelé par quelqu’un avant lui et abandonné en chemin. Son grand plaisir est de le terminer, ricanant alors sur l’inculture des patients précédents et éprouvant ce sentiment de supériorité, naturel chez lui mais qui s’alimente à de bien modestes nourritures. Il arrive parfois qu’un gamin, à qui il a envie de flanquer des baffes, lui marche sur les pieds et bave sur son pantalon, tandis que la mère, inconsciente des méfaits de son rejeton, lit, passionnée, dans « Closer », son horoscope où elle apprend qu’elle risque de rencontrer le nouvel homme de sa vie ou bien un autobus en pleine poire, selon que Mercure passera ou pas devant Jupiter.
Lorsqu’il pressent que vient son tour, il se lève, triomphant, repose l’hebdo, et, une fois dehors, sur le boulevard, se met à la recherche d’une plaque de cuivre quelconque où il pourra récupérer un nouveau numéro de « Paris Match » et un mot fléché abandonné en cours.
C’est sa conception du bonheur, laissons le faire !

Le tout meilleur d'Henri Lhéritier:

http://l.archipel.contre-attaque.over-blog.fr/tag/henri%20lheritier/

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24 septembre 2015 4 24 /09 /septembre /2015 15:58
création de l'application gratuite Chess-border sur iPhone, Cinémaginaire invite son créateur Franck Ancel à l'hôtel Belvédère du rayon vert de Cerbère.

En attendant CONCERT 3 groupes au Belvédère du Rayon Vert à Cerbère (The unknown project,l'impasse humaniste,Cavale), le 10 octobre au même endroit ,

le 26 septembre ,pour la création de l'application gratuite Chess-border sur iPhone, Cinémaginaire invite son créateur Franck Ancel à l hôtel Belvédère du rayon vert de Cerbère.

Une traversée de l’histoire
entre Marcel Duchamp et Walter Benjamin, dont ce sera le 75e anniversaire de la mort.


>11h30 Cerbère - Hôtel Belvédère du rayon vert. Rendez-vous devant l’Hôtel puis escapade aller-retour
en covoiturage Cerbère - Port Bou - Cerbère pour visiter le mémorial Walter Benjamin.

> 12h00 Port Bou - Mémorial Walter Benjamin. Visite en compagnie du philosophe Bruno Queysanne
qui organise les rendez-vous de Portbou entre Architecture & Philosophie.

> 12h45 Port Bou - Mémorial Walter Benjamin. Dans Abrégé d'histoire de la littérature portative, une fiction
de Enrique Vila-Matas, l’auteur barcelonais déguste un pastis avec Marcel Duchamp. L'invitation
est lancée à Enrique Vila-Matas … nous fera-t-il le plaisir d'être des nôtres pour cet apéro surprise ?

> 13h45 Cerbère - Hôtel Belvédère du rayon vert. Buffet dans la salle de restaurant avec sa vue
panoramique sur la Méditerranée

> 15h00 Cerbère - Hôtel Belvédère du rayon vert. Échanger, dialoguer et/ou participer, avec le programmeur
Olivier Guillerminet, à une future application mobile, gratuite via iTunes, lancée avant fin 2015.
Chess-border s'imagine publiquement autour de 64 sources audio-visuelles, via un instrument électronique monome,
dans la salle classée de cinéma et théâtre de l'hôtel.

> 17h00 Cerbère - Hôtel Belvédère du rayon vert. Projection du film Walter Benjamin / L'Ange de l'histoire
de et en présence de Jordi Vidal

> 19h15 Fin des agapes


Trains Perpignan - Cerbère - Perpignan
> 10h45 Départ train Perpignan – Cerbère / Arrivée Cerbère 11h22
> 19h37 Départ train Cerbère – Perpignan / Arrivée Perpignan 20h14


Tarifs et infos
Tout est gratuit sauf le buffet de 13h45 qui est à 5 € par personne
réservation au 04 68 08 22 16
Infos : www.cinemaginaire.org
contacts : contact@cinemaginaire.org

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23 septembre 2015 3 23 /09 /septembre /2015 14:36
L’ÉJACULATION DU CHARDONNERET par l'écrivain Henri Lhéritier

Il arborait un sourire égrillard qui n’était pas dû qu’au rancio sec que nous buvions sous la glycine. Un chardonneret gazouillait au-dessus de nos têtes. Il est plutôt calme, fit-il en levant les yeux vers les branchages, mais l’avez-vous entendu, lors de l’appel du sexe, l’avez-vous vu frétiller des ailes ?
Non, lui dis-je, j’ai mes propres soucis sexuels, l’excitation emplumée et charnelle des chardonnerets n’a jamais éveillé ma curiosité. Seule ma référence personnelle au sexe m’intéresse. N’ayant pas d’ailes pour frétiller et gazouillant mal, je me contente des armes plus sérieuses que, dans sa grande bonté, la nature m’a confiées.
Cela avait-il réveillé en lui une réminiscence charnelle ?
Cela remonte à loin, me dit-il, au temps où courant dans les rues de mon village, je n’avais pas encore songé aux choses de la chair, si ce n’est par cette constatation que les hommes, les bêtes et les plantes se reproduisent afin que le monde continue d’exister. Quelques fulgurances et des désirs dont je discernais mal le but, me traversaient quelquefois et une certaine excitation de la chair me laissait entr’apercevoir des effets prometteurs, mais je n’avais pas établi de liens précis entre mon corps et celui de l’autre. Un jour un de nos voisins que j’avais aidé à tailler des roseaux, me donna un billet, c’était mon premier argent. Y a-t-il une passerelle entre l’argent et la chair ? Toujours est-il que l’idée naquit subitement que je devrais profiter de cette occasion pour décrypter les mystères qui pointaient le bout de leur nez. Je me rendis à la ville où des maisons fournissaient des initiations tarifées, clef en main.
La somme n’était pas suffisante. Me voyant rouge et intimidé, on me fit une ristourne, au fond c’était une inauguration en fanfare, elle justifiait un prix promotionnel.
La dame que j’avais choisie, légèrement potelée, et sentant bon, ressemblait à ma mère et me traitait comme elle, au début tout au moins, j’étais si en émoi, si en confiance, qu’à peine les premières manœuvres engagées, je sentis partir en un instant, tout ce que j’avais emmagasiné, dans une expulsion si rapide qu’elle ne m’apporta aucun contentement, à peine le sentiment d’une libération, comme lorsqu’on fait pipi après une longue attente.
Oh, dis-je à la dame, tout m’a échappé. Cela ne compte pas dites, hein, cela ne compte pas. Ce n’est pas ça l’amour, hein !
Elle accepta un second tour. De ce jour, je compris que la compassion féminine n’est pas un vain mot, et qu’en revanche, en amour, la fébrilité met en danger la bonne marche des opérations.

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19 septembre 2015 6 19 /09 /septembre /2015 18:06
FRONTIÈRES : LE RETOUR ? par l'écrivain Henri Lhéritier

Elles nous ont donné tellement de satisfactions ces frontières, que certains prient, supplient, exigent : Redonnez-nous des frontières ! Celles-ci, dans un souffle, disent : Nous ne séparions pas, nous divisions. On s’en moque, c’est ce qu’il nous faut, répondent-ils.
Ah ! Cette sensation délicieuse du claquement de menton, du frémissement de sourcil pour chaque mètre carré de sol national menacé, cette vanité satisfaite par la diplomatie de la canonnière, cette vénération du héros mort à la guerre. Ce ne sont plus des chars qui forcent nos entrées dans des déflagrations d’obus qui tuent, mais un danger infiniment plus grand, des milliers d’hommes, dépenaillés, accompagnés de leur épouse, un enfant dans les bras, armés des plus mauvaises intentions à notre égard. Nous devons nous ressaisir, rejeter ces va-nu-pieds nous menaçant de leur misère sur le sol sacré de la patrie.
Nos oiseaux de malheur, se qualifiant de penseurs, nous alertent, jour après jour, du matin au soir, dans les médias, des dangers que nous courrons : Arrière les droits de l’homme, arrière Diderot, Voltaire, Rousseau et Montesquieu, arrière les Lumières, arrière l’émancipation des hommes ! C’est la fin d’une civilisation, finissent-ils, lugubres, à la péroraison de leur diatribe.
Elle est morte notre civilisation, depuis longtemps déjà, vous ne le saviez pas ? Ce n’est pas les autres qui l’ont tuée, c’est nous ! Elle est morte à la porte des camps de la mort, de celle-là nous ne voulons plus. Celle que nous fonderons, contre vents et marées, se débarrassera de la xénophobie, du racisme, des antagonismes stupides, des iniquités qui nous ont conduit à cette fin immonde. Nous ne laisserons jamais s’éteindre cette flamme vacillante : l’humain et sa réelle présence.
Continuantleur marche en arrière, les ténébreux idéologues sautent à pieds joints au-dessus du XVIIIè siècle, allant de restauration en restauration. Après la reconstitution des frontières, vivement le despotisme, disent-ils, ordre, discipline, travail, famille, patrie, que renaisse une école formant des élèves ouverts sur le passé, les nourrissant de valeurs : héroïsme, grandeur, transcendance, une école qui leur fasse miroiter un avenir monochrome, blanc et catholique.
Après le despotisme, la barbarie ! Qu’importe ? Tout plutôt qu’un futur métissé. En arrière toutes !
Même si vous remportez, de ci de là, quelques petites victoires, cette civilisation nouvelle, entreprise malgré vous, nous l’accomplirons quand même, soyez en sûrs, sans vos frontières et vos valeurs.

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18 septembre 2015 5 18 /09 /septembre /2015 15:06
TABLEAU DE CHASSE par l'écrivain Henri Lhéritier

C’était un vieux général qui avait mitraillé des tas de braves gens tout au long de sa carrière.
Pour en protéger d’autres, mon petit, me disait-il.
Je gobais ce message, m’émerveillant de la fraternité des militaires et de leur sacrifice à notre service.
Le vieux général érigeait ses mots en principe universel : « tuer pour que d’autres ne meurent pas », dans sa bouche, cela devenait un humanisme.
Une monumentale escroquerie, oui ! Je le sais aujourd’hui : une canonnade déguisée en pensée ! On peut chiffrer avec exactitude le nombre de ceux que l’on tue, il s’agit d’une réalité. Mais connaît-on le nombre de ceux que l’on sauve ? Jamais ! Ils ne sont qu’une pure hypothèse, parfois même un mensonge.
Cette histoire de sauvegarde d’innocents sert d’alibi à ceux pour qui tuer est un métier et un honneur. Hommes politiques et militaires, en toute immoralité, se découpent des tranches plus ou moins épaisses de vies prétendument sauvées, selon le poids des médailles qu’ils veulent s’attribuer ou des galons auxquels ils postulent.
Regardez ceci, me disait parfois le vieux général, en me montrant du doigt, un sous-verre accroché au mur de son bureau, entre des casques, des képis, des épées et des fusils, un tableau d’honneur, une sorte de certificat de bonne conduite, revêtu de la signature d’un ministre, et moi, comme un imbécile, ravi de considérer que ces morts étaient utiles pour sauver des vivants, je m’extasiais devant ces chiffres :
Allemands : 192 morts, (le général n’était alors que sous-lieutenant).
Indochinois : 3518 morts, (il était passé colonel).
Algériens rebelles : 6212 morts, (il était général).
C’était eux ou nous, m’expliquait-il, j’ai fait mon devoir !
J’aurais dû me méfier et m’étonner que le monde nous veuille tant de mal pour justifier tant de morts, nous qui ne demandons rien à personne.
À ce prix-là, est-il bien utile de prétendre nous sauver ?
Contre la vieillesse et la maladie, le général ne put massacrer personne à sa place.
Il mourut.
Des morts sans raison et des vivants protégés sans cause, il était le seul à ne pas être innocent.

Le tout meilleur d'Henri Lhéritier

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