Les élections se suivent et ne se ressemblent pas toujours.
En 2017, le candidat sur la 3e circonscription des PO pour la FI avait lâché rapidement la politique et, depuis l’automne 2017, plus personne n’a eu de ces nouvelles. La rumeur veut qu’il aurait sombré quelque part dans le multivers et, disent certains, il aurait même déclaré que Carole Delga est de gauche. Tant de souffrances psychologiques, pour un seul homme, c’est trop. Beaucoup trop.
Nathalie Cullell, elle, continue de militer.
Et elle lutte notamment les « inégalités scolaires ». Cette lutte passe par la revalorisation du métier, mais, surtout, par le fait que les élèves aient tous un enseignant devant eux.
Et à ce sujet, Blanquer a beaucoup œuvré pour que ça n’arrive pas. Entre réforme à la con et tracasseries administratives, le manque de profs est criant.
Mi-septembre, elle relayait la grogne des parents d’élèves du lycée de Font-Romeu. En effet, de nombreux élèves ne peuvent avoir de cours d’anglais, par manque d’enseignant, alors qu’un prof est disponible sur place. Mais, pour ce qu’on a compris, le Dasen préfère que les profs restent à la maison, tant pis pour les élèves qui passent le bac en fin d’année.
Fin septembre, Nathalie Cullell nous envoyait un petit jeune, Théo Conventin, qui se retrouve dans une situation ubuesque. Alors qu’il a réussi le concours du CAPES, et qu’il devait commencer à travailler dans un collège de l’académie de Grenoble, son statut de fonctionnaire stagiaire lui a été retiré suite à une réforme à la con décidée par Blanquer.
Résultat, il se retrouve sans rien, et, pire encore, les élèves du collège en question n’a pas de professeur pour assurer les cours !
Théo a rédigé un courrier expliquant sa situation, qui est aussi celle de nombreux autres jeunes enseignants, dans le but de faire bouger les lignes sur ce sujet.
Voici donc la lettre de Théo Conventi, que Nathalie Cullell a aussi remise en main propre à François Ruffin.
« En juin 2022, j’ai fièrement obtenu mon concours du CAPES d’Éducation Musicale et Chant Choral.
Nous avons été 39 lauréats sur 127 postes à pourvoir.
La carence de professeurs dans cette matière est donc d’emblée de 88 postes avant même que l’année ne débute !
J’apprends début juillet ma mutation dans l’Académie de Grenoble au collège Le Vergeron de Moirans en temps plein, ce qui d’ores et déjà ne coïncide pas avec le statut de fonctionnaire stagiaire étant de 9 h par semaine (donc demi temps). Cependant, je n’ai pas validé ma deuxième année de Master l’année précédente.
J’ai appris dans la foulée que le ministère avait fait passer une réforme concernant la formation des futurs professeurs : il est impossible d’être fonctionnaire stagiaire tant que l’on a pas obtenu son M2 MEEF, tous les profs en activité ont toujours été pour la plupart en master 2 et fonctionnaire stagiaire à la fois.
On constate donc une réforme très rétrograde qui fait perdre au passage une année à l’étudiant et accentue les carences d’enseignants dans l’éducation nationale.
Je me renseigne donc dès juillet auprès du ministère de l’Éducation Nationale (Monsieur Arnaud Viala) qui m’indique clairement que je ne pourrai pas être fonctionnaire stagiaire, que je devrai donc passer mon M2 afin de pouvoir être fonctionnaire stagiaire l’année suivante.
Sauf que, mi-août, je reçois mon programme de rentrée de la part de mon établissement de mutation, cité précédemment ainsi que celui de l’Université de Grenoble qui me prend dans son M2. Je contacte donc mon futur tuteur de stage ainsi que l’IPR de Grenoble Monsieur Rauch qui ne sont absolument pas au courant des spécificités des récentes réformes et donc de ma place au sein de leur Académie : fonctionnaire stagiaire + étudiant en M2 ?
L’Inspecteur Pédagogique Régional monsieur Rauch s’est donc renseigné auprès du rectorat et a reçu une réponse plus d’une semaine après me disant que je ne pourrai pas étudier à Grenoble en M2 (malgré les 5 démissions d’étudiants durant l’été) ni enseigner dans l’établissement Le Vergeron de Moirans là ou je fus nommé via le SIAL pour mon année de fonctionnaire stagiaire.
Cet établissement connaît donc une carence de professeurs représentant 18 classes qui a ce jour ne sont pas encore encadrées par un professeur d’éducation musicale.
Début septembre, je me retrouve donc sans rien, les inscriptions en universités sont terminées ainsi que les postes sont rares désormais, tous pourvus par des professeurs contractuels sans qualifications ni expériences.
J’ai effectué les démarches afin de m’inscrire à l’université, l’INSPE de Toulouse, car c’était mon université d’inscription l’année précédente donc cela reste faisable, c’est obligatoire de m’accepter si je n’ai rien. J’attends encore les réponses concernant la validité de mon inscription.
Cependant, on m’a soumis deux conditions, celle de suivre tous les cours malgré le fait que j’ai presque tout validé au semestre 1 et je dois également suivre OBLIGATOIREMENT un stage de pratique obligatoire (SPA) qui exige 18 h d’exercices dans un établissement de ma part condensées sur les jeudis et vendredis (les autres jours étant des jours consacrés aux cours de master).
Le comble avec ce SPA est que mon rôle durant un an sera le même que si j’avais été fonctionnaire stagiaire (sans l’obtention de ce statut) sauf que là j’interviens quotidiennement avec mes cours et par obligation dans la classe d’une titulaire.
Le tout rémunéré 1 200 € sur L’ANNÉE SCOLAIRE, à peu près 120,130 € par mois.
Comment puis-je faire pour assumer un appartement sur Toulouse en tant qu’étudiant uniquement rémunéré l’été en tant que saisonnier à 2 500 € par mois ? Comment puis-je perdurer toute mon année en étant payé comme un esclave a 1 200 euros par ans ? Sachant que la moyenne d’un loyer a Toulouse est de 500 euros ?
Je ne vais pas pouvoir étudier sur Toulouse si je ne trouve pas de solutions, car je me retrouverai à la rue. Je veux bien loger chez des amis, mais je ne suis pas sur terre pour vivre de la charité et de la générosité des gens.
Je demande à m’assumer en tant qu’homme, citoyen, sauf qu’aujourd’hui, tout cela est impossible dans ma situation d’étudiant comme Monsieur Blanquer L’a décidé.
Également, la situation n’est pas logique. Je me suis lancé dans des études longues afin d’enseigner mon art aux collégiens, lycéens, les réformes faites sont totalement à contre courant des besoins humains que l’on a aujourd’hui dans l’éducation nationale.
L’État préfère embaucher à tour de bras des Bouchers qui vont devenir profs de maths, des journalistes prof d’histoire sur de simples jobs dating de 5 minutes, pendant qu’on laisse des étudiants en cours de titularisation sur le carreau.
La situation n’est pas normale et j’aimerais s’il vous plaît que cette information remonte afin qu’on mette nos dirigeants le nez dans la merde et que les gens prennent conscience de la destruction des institutions et de l’éducation de nos enfants.
En espérant que les choses bougent. »
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