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L'archipel Contre-Attaque

  • : L'archipel contre-attaque !
  • : Depuis les émeutes de mai 2005, la situation de Perpignan et son agglomération(que certains appellent l'archipel) n'a fait que glisser de plus en plus vers les abysses: l'archipel contre attaque en fait la chronique!
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5 mai 2015 2 05 /05 /mai /2015 17:24
France tu m'as eu!
France tu m'as eu!

Dans cet hôtel du Havre où je regarde passer les heures, le néon de l’enseigne, dont la lumière clignote à travers les persiennes, m’a tenu éveillé dans le souvenir continu de mon ancienne épouse que je suis venu accueillir. Je dis ancienne, mais elle est encore ma femme et je vais la retrouver cet après-midi, de retour des USA, après une séparation et une longue absence, car nous avons échangé à nouveau les serments les plus éternels.
Modern-Hôtel, dit l’enseigne qui indique un nombre assez médiocre d’étoiles, ce que confirme le bidet de la chambre voisine qui n’a pas cessé sa plainte hygiénico-génitale tout au long de la nuit.
Le papier peint est hideux, pourquoi les papiers peints des hôtels sont si laids ? Sans doute ne veulent-ils pas que leurs clients s’installent ou bien chassent-ils les cafards de cette manière ? Qu’importe ! Je ne suis pas riche, mais je serai ce soir l’homme le plus fortuné du monde.
Je me lève, fais attention en descendant l’escalier car le tapis des marches rebique, je ne voudrais pas me casser une jambe, un jour comme aujourd’hui.
Je descends le cours de la République, j’emprunte le quai Colbert, cette ville me fascine, elle n’a pas eu peur du béton, martyrisée mais fière, elle s’est lancée, après la guerre, dans une reconstruction moderne, délaissant les restaurations à l’identique, factices et théâtrales.
Dans ce béton magnifié, on se sent un homme du XXVè siècle.
Le bateau n’est pas là ! Le France qui ramène mon épouse n’est pas à quai. Ah, ça y est, je l’aperçois au large, imposant et fumant, costume noir, chemise blanche, cravate rouge, dans l’arrogante majesté d’un orque de jeux aquatiques. Il me semble qu’il n’arrivera jamais tant il marche au pas d’un sénateur romain, pourtant il grossit sans cesse. Soudain le voilà ! Je trépigne. Mon cœur bat.
Je ne vois pas Monique dans la foule qui débarque, je remonte la cohue des quais, retourne les femmes, bouscule les valises et les enfants, secoue les bagagistes, évite les mouchoirs, soulève les voilettes, elle n’est pas là !
Désespéré, les épaules basses, à nouveau quitté, je regagne mon hôtel.
Monsieur, monsieur !
On me tend un papier : « Je suis désolé, Norbert » (elle s’appelle Monique et je suis Norbert), il y a eu un changement. » J’ai compris, je n’ai pas besoin de continuer ma lecture.
France, tu m’a eu !

Voir aussi:

Le tout meilleur d'Henri Lhéritier ici

http://l.archipel.contre-attaque.over-blog.fr/tag/henri%20lheritier/

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