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L'archipel Contre-Attaque

  • : L'archipel contre-attaque !
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7 juin 2020 7 07 /06 /juin /2020 16:19

11 / Les fictions de l'Écopolitique

Au début des années 1970, l’écopolitique était encore porteuse, comme l’ombre portée de son origine scientifique, d’une dimension rationnelle et critique. Elle a même été, à ses meilleurs moments, la seule rationalité critique d’un monde irrationnel.

Mais, fort rapidement, les mises en garde raisonnables de l’écopolitique contre les désastres présents et futurs n’ont plus été accompagnées d’une remise en cause du système économique qui en portait la responsabilité.

Depuis, son unique aspiration a été de purifier la marchandise, comme si une telle purification pouvait, à elle seule, sauver le monde de la catastrophe.

L’écopolitique s’est contentée de promouvoir la chimère d’une libre circulation assainie des marchandises et la vision angélique d’un libre-échange débarrassé des ses péchés originaux. Elle s’est abstenue de contester la pire part du monde qu’elle prétendait combattre, celle d’une économie devenue folle.

Là où l’écologie était en prise avec la totalité, l’écopolitique n’a fait que fortifier le totalitarisme marchand, en corrigeant tout au plus quelques abus de détail. Elle s’est bornée, dans ses meilleurs jours, à se rêver comme l’âme d’un monde sans âme.

Si l’écopolitique a vaincu, dans les médias et sur les réseaux sociaux, la satisfaction spectaculaire, c’est en contribuant au spectacle de l’insatisfaction. Si elle a médiatiquement et très illusoirement émancipé l’homme de l’abondance empoisonnée, c’est pour mieux l’habituer à la pénurie obligatoire.

Ses appels à la décroissance, tous dans le sens du renoncement et de la soumission, se sont accompagnés, avec les infinies variations imposées par le sujet, d’une constante volonté d’effacer la lutte des classes au profit de celle des genres.

Sous sa manifestation pratique, l’écopolitique est la pensée sublime de l’économie.

Ce que l’écopolitique ne dénonce pas, c’est qu’au nom de la toute-puissance de l’économie, la société du Chaos en soit venue à faire ouvertement la guerre aux humains ; non plus seulement aux possibilités de leur vie, mais à celles de leur survie.

Le recours à la justification mensongère est naturellement apparu dès les premiers symptômes de la décadence de la société spectaculaire, avec, par exemple, la prolifération des pseudo-sciences humaines. Mais la médecine alors pouvait encore se faire passer pour utile ; et ceux qui avaient vaincu nombre de maladies étaient autres que ceux qui ont bassement capitulé devant les radiations nucléaires, la chimie agro-alimentaire ou la liquidation de la santé publique.

Tant il est vrai qu’aujourd’hui la médecine n’a, bien sûr, plus le droit de défendre la santé de la population contre l’environnement pathogène, car ce serait s’opposer à l’État, ou seulement à l’industrie pharmaceutique.

Les experts scientifiques détachés au contrôle des post-citoyens soutiennent « doctement » que l’alimentation de la population s’est améliorée, que l’espérance de vie n’a cessé de croître, qu’on se soigne mieux aujourd’hui qu’il y a vingt ans. Pourtant, le problème de la dégradation de la totalité de l’environnement naturel et humain a complétement cessé de se poser sur le plan d’une prétendue qualité ancienne, pour devenir radicalement le problème même de la possibilité matérielle de survivre dans un tel monde, et plus dramatiquement encore, qu’un tel monde puisse survivre.

Sur le mode de l’injonction paradoxale, les mêmes experts vont informer les post-citoyens, avec un ton d’autorité indiscutable, des déséquilibres et des dysfonctionnements qui s’établissent entre la nature et la société humaine ; de l’empoisonnement par des substances toxiques (pesticides, isotopes radioactifs, détergents, produits pharmaceutiques, engrais artificiels, plomb, mercure, fluor, substances carcinogènes et mutagènes etc…).

C’est-à-dire, de l’air de moins en moins respirable, de l’altération de l’eau des rivières, des lacs et des océans, des dangers de la radioactivité accumulée par le développement pacifique de l’énergie nucléaire, de l’envahissement de l’espace humain par des produits dangereux et difficilement dégradables, de la corruption des aliments, de la lèpre urbanistique qui partout s’est imposée au détriment des villes et de la campagne, et tout autant, de la pollution psychique.

Mais, pour parler de toutes ces pollutions, les experts se sentiront obligés d’en falsifier les causes, sinon les conséquences ; en culpabilisant, par exemple, les post-citoyens sur leurs comportements non-écologiques.

Ils éviteront pourtant de conclure que tout est dorénavant entré dans la sphère des biens économiques, même l’eau des sources et l’air des villes, c’est-à-dire que tout est devenu le mal économique, ce « reniement achevé de l’homme » qui atteint maintenant sa parfaite conclusion matérielle.

La plupart des commentaires sur le réchauffement climatique, les gaz à effet de serre, la pollution industrielle, la bio-diversité, l’extinction des espèces n’existent médiatiquement qu’en tant que contre-pied positif et faussement critique d’une idéologie dominante, strictement mortifère et nihiliste.

Tous ces commentaires, recensent une série de faits catastrophiques qu’il n’est plus possible de taire, ni d’entièrement falsifier.

Ils vont tous dans le même sens et témoignent d’un processus unique, à savoir que la Société du chaos est condamnée à plus ou moins brève échéance en raison même du modèle hypercapitaliste de sa do mination. Or, ce modèle est celui qui, précisément, lui a assuré jusqu’ici le contrôle à long terme de la planète. Elle ne peut donc en changer sans remettre en cause la permanence de son pouvoir, tant sa forme chaotique et destructrice est la forme naturelle de ce pouvoir.

La Société du chaos se trouve confrontée à une crise que tous leurs experts sont incapables de résoudre et dont tout leur fait penser qu’elle lui sera fatale.

La science, réduite à l’innovation, ne peut qu’accompagner la destruction du monde qui l’a produite et qui la tient ; mais elle est forcée de le faire avec les yeux ouverts. Elle montre ainsi, à un degré caricatural, l’inutilité de la connaissance sans emploi.

Par ailleurs, les maîtres de la Société du chaos n’ignorent pas que la simple vérité des nuisances, des risques présents et de l’issue fatale pourrait constituer un immense facteur de révolte, une exigence matérialiste des exploités.

La soi-disant « lutte contre la pollution » ne peut devenir une volonté réelle, qu’en transformant le système productif actuel dans ses racines mêmes. Et elle ne peut être appliquée fermement qu’à l’instant où toutes ses décisions, prises démocratiquement en pleine connaissance de cause, par les citoyens, seront à tout instant contrôlées et exécutées par les citoyens eux-mêmes.

« La révolution ou la mort », ce slogan n’est donc plus l’expression lyrique de la conscience révoltée, c’est le dernier mot de la pensée scientifique de notre siècle.



Les autres épisodes ici:

http://l.archipel.contre-attaque.over-blog.fr/tag/la%20societe%20du%20chaos/

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