Décrochage, nom masculin
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Action, fait de décrocher.
Ex: Le décrochage d'un tableau d'un mur. (Joconde, portrait de président…)
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Décrochage scolaire :interruption de la scolarité.
Périphrase créée par un linguiste émérite pour éviter de parler d ‘”échec scolaire” (davantage pour préserver l’institution scolaire que l ‘élève, les apparences et statistiques étant sauves, c’est tout ce qui compte)
Ex. Le décrochage scolaire avait commencé bien avant le confinement
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Décrochage économique: nouveau venu, se décline en “décrochages des places boursières “ (collection printemps/ été) “décrochage du marché” (automne/hiver)
Le Monde, janvier 2020
Pourquoi tant de décrochages aujourd’hui?Décrochage scolaire, décrochages de portraits présidentiels...pourquoi donc cette rupture nette et parfois violente entre les représentants de l’Etat et la population?
Faut-il s’inquiéter de cette recrudescence de violence envers les symboles d’autorité ?
Question rhétorique, assurément.
Si ces actions qui paraissent parfois lâches et sans fondement -et qui le sont (les attaques et dégradations répétées au centre pour handicapés du Haut Vernet par exemple1) la plupart ont cependant une portée symbolique dont les auteurs sont porteurs ,sains ou non, sans en avoir toujours conscience . Aussi inqualifiables puissent-ils être, ces actes qui consistent à se retourner contre des écoles ou des lieux de pouvoir (mairie, préfectures…) sont synonymes de divorce , de crise de confiance dans nos institutions voire de désespoir (saccages, violences, suicides, immolations...). Et réciproquement quand ce sont les élus qui se retournent vers les acquis populaires pour les scarifier, puis les sacrifier. Couper, amputer au lieu de soigner est une solution de facilité; le cul de jatte s’adaptera et cela évitera bien des courses poursuites pendant les manifs2.
Et je ne parle pas seulement des lois de casse sociale comme la loi HPST dite Bachelot, que même l’Ump Bernard Debré dénonça en son temps dans une prédiction visionnaire et courue d’avance :
“Nous sommes en révolte parce que nous croyons que le pouvoir qu'ont les médecins de proposer un projet médical pour l'hôpital ne leur appartiendra pas : ce sera le directeur qui l'aura, avec une vision uniquement comptable. »3 mais qui n’empêchera nullement l’instigatrice de poursuivre sa sympathique carrière de chroniqueuse d’émission , la Maité politique allant jusqu’à se répandre pendant la crise Covid en nous faisant la leçon à nous, pauvres petits hères ployés sous le joug conjugué du spectre du chômage et de la maladie tandis que les “sans masques” adeptes des garden party trônaient encore avec aplomb autour des tables tournantes des médias télévisuels.
D’ailleurs, ils y sont encore car si le pouvoir a la fâcheuse tendance à éloigner les spécialistes et les élus du terrain difficile du Loir-et-Cher (où ça les gêne d’étrenner leurs bottes pour “marcher dans la boue”) ou des montagnes pradéennes (où la lumière particulière sait pourtant se refléter avec beaucoup de charme sur le cadran de leur rollex), il a en revanche celui de les arrimer aux plateaux télé comme des insectes qui dès que la lumière s’allume, se collent à sa source avec ardeur….
Hélas, me direz-vous, les insectes au moins , eux, se taisent et je vous répondrais bien que c’est parce qu’ils sont occupés à observer, analyser et agir… Quoique pas à l’abri de terminer comme Icare.
Ah! Axurit Roselyne, qui à force de graviter à bonne distance près de la lampe ne tarda pas ,à la faveur d’un remaniement éclairé, à être préférée à la trop fébrile Agnès Buzyn .
Car, pendant que la belle Agnès sous Prozac répondait de façon apathique voire erratique aux questions de la commission d’enquête sur la gestion de la crise du Covid, Roselyne nous rappelait, via une presse objective et dépassionnée que “La pandémie de coronavirus était "imprévisible" (bande d’idiots décérébrés de l’autre côté de l’écran) et le gouvernement fait "du mieux possible", n'en déplaise aux "donneurs de leçons".4 (sic)
Et toc! comme si le manque de moyens généré par la loi à l’hôpital ne faisait rien à l’affaire depuis des années... De toute façon , elle s’en foutait: les autres invités eurent le bon goût de ne pas lui en rappeler les effets . Oui car entre gens bien éduqués -à la grande différence des gilets jaunes qui se font griller des saucisses sur les rond-points et ont une vision moins romantique de la révolution que l’avatar de Mélenchon, c’est ainsi dans ce milieu. On se congratule sans bourrade dans le dos et on s’amnistie mutuellement en taisant ses erreurs, errances et condamnations. Nettement plus classe.
“Le gouvernement fait "du mieux possible””
Affirmation à l’aune de laquelle nous étions soudain tous rassurés, pelotonnés que nous étions dans notre peur et dans nos canapés ( polyuréthane, imitation cuir de vachette espagnole période prévégane )
achetés à crédit parce que la société de surconsommation et d’endettement , prémicée5 pendant les trente glorieuses et vantée par les télé-achats où se compromirent jusqu’aux plus grands ( Pierre Bellemare et Alexandre Devoise) garantissait jusqu’ici l’aspiration au bonheur (“the pursuit of happiness” mais il faudra courir vite) inscrite dans la déclaration américaine de 1776 6 avec la Life et la Liberty dont s’inspirera, du reste, la déclaration des Droits de l’Homme française qui fit rien que copier car la version d’Olympe de Gouges 7faisait trop “femen “ hystérique (et non historique) pour l’époque.
Bref, c’est ainsi que de petits crédules idéalistes,ignorants du second degré des auteurs de stand-up intégrés à l’équipe de comm macronienne et biberonnés à l’humour grincant de Kaamelot , prirent au pied de la lettre les engagements égrénés,coeur sur la main, et parfois époumonnés8 par leur orateur jeune , séduisant avec son regard bleu perçant à la Beckett, pendant la campagne présidentielle… Et pourtant un indice aurait dû titiller leurs petites cellules grises bercées par la douce musique des promesses : cette petite injonction susurrée à l’oreille des sympathisants avec force décibels: “Ce que je veux , c'est que vous, partout, vous alliez le faire gagner ! “ (son projet, of course)9
Le patient en état d’hypnose n’est malheureusement pas rompu aux subtilités de la science politique ni de l’anaphore car dans toute autre circonstance,
ce “je commande les pieds sur le bureau et vous, vous vous éparpillez dans les trains, les foires au boudin et les bureaux municipaux au fin fond de la Creuse pour me faire gagner”, aurait généré un laconique et jean yannesque: “Vas te faire cuire un oeuf…”,eh ben non. Fini le pays de Voltaire rayonnant de lumières et fier de ses communards...
Alors vous savez quoi? Les personnes qui décrochent les portraits du président sont peut-être anarchistes, nihilistes, naifs, marxistes, proudhonistes, fouriéristes, unijambistes mais surtout ils sont (ré)activistes.
La condamnation de ces décrocheurs anti-portraitistes, pour des esprits aussi éclairés qu’avisés, rappellera donc en son heure que non seulement les promesses n’ont pas été tenues mais que ,vu la conjoncture, il est grand temps de choisir un costume pour leur enterrement.
Payé aux frais de l’Etat, bien entendu.
Bibliographie, sitographie
1https://www.ouillade.eu/politique/perpignan-haut-vernet-agissons-sinquiete-de-linsecurite-des-degradations-et-violences/216331
2“Tout le monde se rue sur moi
Sauf les culs-de-jatte, ça va de soi “ Brassens, La mauvaise réputation, 1952 (siècle dernier et sétois)
3La Tribune, mardi 28 avril 2009
4https://www.lexpress.fr/actualite/politique/six-ex-ministres-de-la-sante-dedouanent-le-gouvernement-sur-une-epidemie-imprevisible_2122406.html
5Néologisme pour un meilleur effet de miroir avec “vantée”.
8 La note 7 a été annulée (note de l’autrice). C’était un dimanche, jour de repos.
9ttps://www.francetvinfo.fr/elections/presidentielle/video-presidentielle-quand-emmanuel-macron-hurle-a-pleins-poumons-dans-son-micro_1963157.html
8 La note 7 a été annulée (note de l’autrice). C’était un dimanche, jour de repos.