Les années 90, les 2Be3, l’hélicoptère de Jacques Toubon envoyé dans l’Himalaya pour sauver Xavière, vous vous en souvenez ? Oui, bien sûr.
Mais, localement, il y a eu mieux que tout cela.
Nous, les pyrénéens-orientaux, nous avons eu l’Hydroscope. Et ça c’est une belle histoire. Enfin, si on est cynique.
Dans les P.O. ont a de l’eau sous toutes ses formes : des nappes libres, des nappes captives, de l’eau chaude, de l’eau ferrugineuse, etc. Et, autant l’eau est importante, autant elle est mal connue, surtout du grand public. Alors, autours de personnes comme Henri Salvayre, s’est bâti au cours des années 90 un projet de parc dédié à l’eau, sur le modèle du Futuroscope de Poitiers. Ce sera l’Hydroscope.
Le projet est limpide comme de l’eau du Pliocène. Le centre doit accueillir un lieu dédié à la découverte de l’eau, de manière ludique et pédagogique. Un pôle technologique et de recherche, en partenariat avec l’université et de nombreuses entreprises, doit assurer la pérennité de l’Hydroscope. Et pour que le lieu soit le plus agréable possible, les extérieurs doivent être aménagés sous forme de parc à thème.
Le projet est porté par l’association des Cadres Catalans, d’abord par la section de Perpignan, puis par celle de Paris. Le gouvernement participera à hauteur de 200 000 Fr au financement de l’étude de faisabilité. La Caisse des Dépôts et Consignations déclare le projet viable et s’engage à le co-financer.
Politiquement, Jean Codognès, député socialiste, et Jean-Jacques Lopez, pas grand-chose mais socialiste, soutiennent activement le projet, qui doit être installé à Rivesaltes.
Si le chiffrage est assez flou (entre 75 et 150 millions d’Euros, soit le prix d’un stade football professionnel), le potentiel est réel. À l’époque le chiffre de 500 emplois directs est avancé. S’il peut paraître élevé, il reste relativement crédible vu le projet.
Hélas, mille fois hélas, pour que le projet ait lieu, il faut l’accord de Christian Bourquin, l’ex abrupto de Millas, heu,…, pardon, le président du Conseil général.
Les Cadres Catalans est une association qui regroupent des chefs d’entreprises, des cadres supérieurs, des hauts fonctionnaires, bref des gens qui bossent. Et ça, les gens qui bossent, Christian il ne peut pas le supporter. C’est pour ça d’ailleurs qu’il choisira Hermeline Malherbe pour lui succéder à la présidence du département.
Et puis le projet est soutenu par Codognès, un socialiste de droite. Et ça aussi, les socialistes, de droite comme de gauche, Christian il ne peut pas le supporter. C’est pour ça que le PS 66 soutient Manuel Valls, surnommé le Touriste à Barcelone, un homme de droite clairement anti-social et anti-socialiste.
Alors Christian Bourquin, avec un talent bien à lui, va démolir le projet. Méthodiquement !
Le Comité département économique (CDE) acceptera l’idée d’une subvention de 500 000 Fr. Après avoir tenté d’empêcher le vote de la subvention, ce qui forcera les élus RPR a monté au créneau et à dénoncer les délires du général de Millas, Christian Bourquin la ramènera à 200 000 Fr, menaçant ainsi l’étude de faisabilité.
Malgré un travail de sape dans la Pravda de Perpignan, l’ami Christian sera obligé de sortir les grands moyens. Le projet ne doit pas se réaliser dans les P.O., Montpellier, pardon, Georges Frêche ayant envie de reprendre l’idée, comme la presse le révélera assez vite. Alors Christian va sortir du lourd, du très lourd. Le projet se fera à Millas ou ne se fera pas.
Évidemment tous les intervenants sont convaincus qu’un projet à Millas ne peut être viable. Tout le monde a bien compris la combine. La querelle Bourquin-Codognès (encore plus stupide que la querelle Philippe Poisse-Caroline Forgues, c’est dire si ça volait haut à l’époque) aura raison du projet. Face à tant de bêtise, les porteurs du projet préfère lâcher l’affaire.
Christian Bourquin, en rage parce que les positions droitières de Codognès menacent sa ligne politique, elle-même très à droite (c’est à cette époque que Christian lancera l’opération visant à réhabiliter Robert Brasillach, au frais du contribuable), était prêt à tout pour bloquer ce projet. Pas la peine d’insister.
En 2015, dans un article récapitulant l’histoire, Antoine Gasquez écrira : « la nullité du politique a tué l’Hydroscope. »
Aujourd’hui Bourquin et Codognès nous ont quitté. Bourquin est mort et enterré, Codognès est en mort cérébrale (on lui a dit qu’être socialiste c’est être de gauche, il a eu une attaque dont il ne s’est jamais remis). Mais leurs méfaits sont toujours là.
Si vous passez par là-bas, faites un tour au pôle sur l’eau à Montpellier, vous découvrirez ce dont notre département aurait pu s’enorgueillir.
Texte écrit en écoutant « Hey Stoopid » d’Alice Cooper. Clairement, une chanson de circonstance.
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